Si j’étais…
Si j’étais une lettre…
Je voudrais sans cesse qu’on me sonne
Que je vois « il », que je vois « elle »
Le verbe haut ? Qu’on me le donne !
Pour écrire le plus beau poème…
Si j’étais l’eau…
je serais joueuse et cinglante
incompressible et rebelle
puis, je me ferais douce, dormante,
pour couler dans la gorge d’une belle…
Si j’étais un arbre…
je ne serais pas le bouleau !
pour qu’on me transforme en papier
écrasé sous le poids des mots
Quel destin ! Encré, déchiré !
Si j’étais un mammifère…
Je ne serais pas une baleine !
Si je grossis de quelques grammes
C’est mon corps qui me met en peine
Alors, une baleine ! Quel drame !
Si j’étais un Homme politique…
Je n’ferais pas de politique
Ma seule langue serait celle de bois
pour mes beaux discours en reliques
Je n’m’intéresserais qu’à Moi
Si j’étais nous…
Sûr ! Je resterais debout !
Avec les bruns, blonds, châtains et roux
Pour ne point tomber sous un joug
Personne pour me mettre à genoux
si j’étais toi…
je sentirais poindre un sourire
Anguille sous roche ? Tout de même pas !
Pourtant, je prends ta place… pour lire !
Et te laisser finir cette page !
si j’étais moi…
je serais peut-être schizophrène !
Je m’observerais dans la glace
pour leur montrer que toute ma haine,
je leur réserve comme une menace !
si j’étais Dieu…
je n’aimerais pas être immortel
en Académie ou au ciel !
Jamais voir le bout du tunnel
Perpétuité au goût de miel…
Si j’étais croyant…
J’avoue que ça m’arrangerait bien !
Toucher sa part d’éternité,
Après la mort, ce n’est pas rien !
C’est tentant… mais l’intégrité ?
Si j’étais la Fin…
A personne je n’en dirais mot !
Tout arrêter ? Tu m’as bien vu ?
Met un point final à tes maux,
ou je reprends dès le début…