Tombé sur un os…
Transparent ! Il m’a dit que j’étais transparent !
Ce matin, je me lève et tombe sur qui ?
Mes voisins ! Ils sont trois enfants plus les parents
Aucune éducation ! Ils se croient tout permis !
Le père, très maigre, a une tête de déterré
Pour vous dire, on lui voit pratiquement chaque os !
Le reste de la santa familia ? A pleurer…
De rire ! Même apparence, identiques jusqu’aux bosses !
Donc, ce matin, ils s’assoient de concert, chez eux,
Enfin, juste devant, alignés en rang d’oignons.
C’est vrai, nous bénéficions d’une vue comme pas deux.
De juin à mai, du silence nous profitons.
« Ben dites-moi, voisin, vous êtes vraiment transparent ! »
« Bonjour, mon cher voisin ! Je suis discret, nuance…
Il est vrai que personne ne me parle, et pourtant…
J’adore discuter littérature, peinture, danse ! »
« Je ne voulais pas vous offenser ! Désolé…
Mais quand votre famille, vos amis, vous visitent,
Pourquoi ce lourd silence, ces visages accablés ?
On dirait les gardiens de quelque histoire maudite… »
« Vous n’avez pas tort, nous ne sommes pas loquaces !
D’où cette soi-disant « transparence »… mais, et vous, hein ?
Pourquoi rester toujours carcasse contre carcasse,
Lézarder en silence, toute la journée, sereins ? »
« Cher voisin, vous semblez l’oublier ; chaque matin,
Depuis neuf années, nous tenons les mêmes propos !
Moi, j’attends mon dossier pour ce soir ou demain
Après, ça va être le Paradis ! Soleil, eau… »
Je sais, je sais… mais je suis un contemplatif…
Depuis ma maladie, plus rien ne m’intéresse.
La vie, la mort, sur tout, je reste dubitatif…
Maintenant que j’ai l’éternité, rien ne presse…
« Il faut absolument que vous réagissiez
Regardez-nous, accident d’avion ! Notre karma…
Et pour aller chez Saint Pierre, ce sera… à pied !
Nous ne serons pas ponctuels, mais il attendra…
Mais… Mais ! Votre silhouette se dessine de nouveau !
Vous reprenez goût à… comment poser des mots ?
Aujourd’hui deux novembre, c’est notre fête ! Bravo !
Que faire… Jouons ! Aux osselets ? Nous aurions bon dos… »